Source : Correspondance Particuliere
16/12/2025
Dans l’une de ses dernières éditions, La Tempête des Tropiques avait parlé de la fin du régime de Kigali. Aujourd’hui, tous les éléments sont réunis pour soutenir cette thèse.
En effet, se retirer d’Uvira, c’est bien, mais il est trop tard, car le mal est fait : les Américains ne pardonneront pas à Kagame l’affront qu’il leur a fait subir. Pourquoi ne le disent-ils pas ouvertement ? Simplement, parce que répondre aux provocations du « petit » président rwandais les conduirait à descendre à son niveau.
Il faut savoir qu’on ne discute pas avec un subalterne. On le domine en lui adressant des ordres. Les USA ont été humiliés à plusieurs reprises. Qu’on se rappelle le sarcasme de Kagame face aux sanctions. Il a utilisé le terme «Foolish» qui signifie «insensé, stupide, imprudent, ou ridicule, décrivant un manque de bon sens, de jugement ou de raison» (…).
Ensuite, il a chanté « sanctions, sanctions », « sanctions, sanctions », « sanctions, sanctions », ridiculisant ainsi les autorités américaines. Coup sur coup, le secrétaire d’État, un sous-secrétaire d’État, l’ambassadrice américaine en RDC et un influent républicain se sont tous exprimés dans le même sens.
Avant cela, Trump avait mandaté une émissaire à Kigali pour briefer Kagame. Cette dame, ainsi que l’Emir du Qatar, se sont d’abord rendus à Kigali pour finir à Kinshasa. Toutes les visites précédentes d’officiels entre les deux pays commençaient toujours en RDC pour se terminer au Rwanda. Et cette inversion des itinéraires reflète également le renversement des équilibres. Ce retournement déplace de fait le centre de gravité de Kigali à Kinshasa, comme un passage de témoin entre les présidents Kagame et Tshisekedi pour le leadership dans les grands lacs africains. C’est un signe clair du déclin de Kigali. Les humiliations des Américains auront des conséquences et elles auront également pour objectif de dissuader les autres dirigeants africains de s’entêter face à la première puissance de ce monde.
Une offensive qui défie l’ordre établi
Voici la chronologie des faits qui ont provoqué la colère de Donald Trump. Mi-novembre, sous l’égide américaine, Kinshasa et Kigali signent un accord-cadre à Doha, censé mettre fin à des décennies de violence dans l’Est congolais. Mais le M23, proxy du Rwanda, ignore les engagements et lance une charge dévastatrice sur Uvira, ville portuaire vitale près de la frontière burundaise. 413 morts, 200 000 déplacés, un climat de peur qui s’installe.
Washington, médiateur autoproclamé sous l’ère Trump, voit rouge. Le 12 décembre, les États-Unis accusent publiquement le Rwanda de violer l’accord signé entre la RDC et le Rwanda le 4 décembre à Washington, en soutenant l’offensive rebelle, qualifiant l’acte de « mortel » et exigeant un recul immédiat.
La pression monte : sanctions brandies, isolement diplomatique menacé, et une médiation américaine qui pile sur Kigali pour forcer la main à ses alliés du Mouvement du 23 mars (M23). Corneille Nangaa Yobeluo cède sous cette avalanche. Dans son communiqué, il admet noir sur blanc que le retrait répond « explicitement à une demande de la médiation des États-Unis ».
Pas de philanthropie ici, mais un calcul froid : l’offensive sur Uvira, « goutte d’eau de trop » selon des analystes congolais, a transformé une victoire tactique en piège géopolitique.
Le Rwanda, accusé par l’ONU et les ONG de fournir armes et troupes au M23, se retrouve dans le viseur. Des sources diplomatiques évoquent des appels directs de Washington à Paul Kagame, le président rwandais, pour qu’il lâche du lest et préserve les « relations de bon voisinage » avec le Burundi voisin.
Sur les réseaux, les voix rwandaises et congolaises s’emballent : « Si Kagame n’aide pas le M23, pourquoi le retrait suit-il toujours la pression sur lui ? », ironise un militant d’un parti politique. Ce recul n’est pas sans amarres. Les rebelles posent des conditions draconiennes : démilitarisation d’Uvira, protection des populations locales et déploiement d’une force neutre pour veiller au cessez-le-feu.
Une façon astucieuse de transformer une défaite en posture défensive, tout en accusant les Forces armées congolaises de « provocations ». Mais sur le terrain, la tension palpite. Au fond, cet épisode cristallise la dépendance du M23 aux vents internationaux. Sans le bouclier rwandais, affaibli par les foudres américaines, les rebelles se replient, exposant la fragilité de leur emprise. L’accord de Doha, déjà chancelant, gagne un sursis, mais pour combien de temps ? Washington, avec sa diplomatie musclée, a imposé un temps mort, rappelant que dans l’Est congolais, les armes parlent fort, mais les pressions extérieures dictent le rythme. Reste à savoir si ce retrait marque le début d’une paix durable ou juste une pause avant la prochaine tempête. La RDC doit continuer à rester vigilante et prendre les mesures nécessaires pour faire face à la menace.

