L’heure est venue de tourner la page dans la région des Grands Lacs : Par Cory Booker  Sénateur des États-Unis

L’heure est venue de tourner la page dans la région des Grands Lacs : Par Cory Booker Sénateur des États-Unis

Aujourd’hui, je prends la plume non pas seulement comme sénateur, mais comme homme de conscience. Parce qu’il est des vérités que l’on ne peut plus taire. Ce qui s’est joué à Washington entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda n’est pas un simple accord de paix. C’est un acte de justice. C’est la fin d’une ère. Et c’est un signal fort : le règne de Paul Kagame sur la région des Grands Lacs touche à sa fin.

Pendant près de 30 ans, la RDC a payé le prix du silence international. Elle a été exploitée, rackettée, violée, humiliée. Le prétexte ? La traque de génocidaires présumés. La réalité ? Une guerre de prédation, d’occupation, menée au nom d’intérêts économiques et géostratégiques.

À l’Est du Congo, des milliards de dollars de minerais sont passés entre des mains invisibles. Et pendant que le peuple congolais pleurait ses morts, des accords secrets se signaient dans l’ombre. Oui, Joseph Kabila, puis Félix Tshisekedi, ont accepté à un moment donné un pacte politique inéquitable — supervisé par trois chefs d’État africains — qui transférait au Rwanda des ressources minières considérables, dans l’illusion d’une paix achetée.

Mais le président Tshisekedi a dit non. Il a compris que la RDC ne devait plus être une vache à lait, une nation qui paie son agresseur pour avoir la permission de respirer. Il a rompu cet accord. Courageusement. L’Histoire jugera ce moment comme une renaissance.

Et que s’est-il passé ? Ceux qui ont bâti leur pouvoir sur la soumission du Congo ont pris les armes. Joseph Kabila et Corneille Nangaa sont désormais les visages d’une coalition armée qui prétend défendre les intérêts du Rwanda. Leur but ? Forcer la RDC à revenir à l’accord. Leur crime ? Avoir mis leurs ambitions personnelles au service d’une puissance étrangère.

Mais il est trop tard. Le nouvel accord signé à Washington efface la dette politique, économique et morale que la RDC n’aurait jamais dû contracter. La page est tournée. Le Congo ne doit plus rien au Rwanda.

Ce n’est pas seulement une victoire diplomatique. C’est la fin du chantage, la fin du cycle de la peur, la victoire de la dignité sur la soumission.

Ce nouveau départ offre à la RDC une opportunité historique : celle de redevenir maîtresse de son sol, de son sous-sol, et de son avenir. Avec une bonne gouvernance, des réformes sérieuses et la réorganisation de son armée, la RDC peut générer jusqu’à 45 milliards de dollars de revenus annuels.

Vous avez bien lu. 45 milliards. Par an. Une somme capable de reconstruire les écoles, les hôpitaux, les routes, et surtout, de restaurer la fierté d’un peuple qui a trop longtemps souffert en silence.

À la communauté internationale : ouvrez les yeux !

RDC est une nation stratégique, riche, forte, qui n’a besoin que de paix et de respect pour briller.

Et à ceux qui pensent encore que Paul Kagame est la solution, je dis ceci : le monde a changé. Le soutien géopolitique dont il bénéficiait s’effondre. Les temps ont changé. L’Amérique ne veut plus être complice. Elle ne financera plus des guerres d’ombre ni des conflits d’influence.

L’Amérique a parlé. L’Afrique doit agir.

Le combat du peuple congolais est un combat pour la vérité. Pour la justice. Pour la souveraineté. C’est notre responsabilité morale de le soutenir.

Nous ne devons plus jamais payer les tyrans pour qu’ils arrêtent de frapper leurs victimes. Nous devons protéger les victimes. Et punir les bourreaux.

Parce que la paix n’est pas l’absence de conflit. La paix, c’est la présence de la justice.

Cory Booker

Sénateur des États-Unis