L’accord de Washington lu par un Juriste rwandais

L’accord de Washington lu par un Juriste rwandais

Accord de Washington : Le piège diplomatique qui pourrait sceller la fin du M23 – Analyse de Charles Kambanda
Un tournant historique pour la RDC, un choc stratégique pour Kigali

Partie 1 : Un retournement spectaculaire – Kagame piégé à Washington

Dans un revirement inattendu, le Rwanda de Paul Kagame, longtemps hostile à toute démarche diplomatique contraignante sur le dossier congolais, a fini par signer, le 27 juin 2025 à Washington, un accord de paix avec la République démocratique du Congo. Cet événement, salué comme un pas vers la paix dans la région des Grands Lacs, dissimule pourtant une réalité politique et stratégique bien plus troublante.

Selon le professeur Charles Kambanda, juriste rwandais renommé et ancien enseignant de droit, cet accord constitue un piège juridique et diplomatique redoutable dans lequel le régime rwandais vient de tomber.

Un document trompeur… mais clair pour ceux qui savent lire :

Rédigé dans un style juridique anglo-saxon, l’accord de Washington demeure difficile à décrypter pour le citoyen lambda. Mais, comme le souligne le Dr Kambanda dans une analyse percutante publiée sur sa page Facebook, ce flou apparent est une arme à double tranchant. Le Rwanda a en réalité accepté une série de dispositions contraignantes qu’il avait toujours rejetées.

L’accord ne crée pas de nouveaux principes : il incorpore les éléments du processus de Luanda, notamment le Concept of Operations (CONOPS) du 30 septembre et 1er octobre 2024, conçu par le président angolais João Lourenço. Or, Kigali avait publiquement rejeté ce plan à l’époque.

Clause clé : le retrait total des troupes rwandaises

Le professeur Kambanda insiste : le Rwanda s’est engagé à se retirer sans condition de la RDC. Le document signé à Washington impose un désengagement immédiat de toutes les troupes rwandaises, tandis que les FARDC sont chargées d’évaluer et de neutraliser la menace réelle que représente le FDLR – le prétexte habituel utilisé par Kigali pour justifier ses incursions armées en territoire congolais.

Selon Kambanda, soit Kigali n’a pas lu, soit le régime a mal compris les implications de ce qu’il a signé. Car désormais, toute présence militaire rwandaise en RDC deviendra une violation flagrante de l’accord, passible de sanctions.

Fin du prétexte FDLR, retour au droit international

Autre point important : le respect strict de la Charte des Nations Unies est expressément mentionné dans l’accord, rappelant à Kigali qu’aucune opération militaire transfrontalière n’est tolérable sans mandat ou accord bilatéral. En clair : plus d’intervention rwandaise, même justifiée par le FDLR.

Aucune amnistie, aucune protection pour Kagame et le M23

Contrairement à certaines spéculations relayées par les médias pro-régime, l’accord de Washington n’accorde aucune immunité ni protection juridique à Kagame, au M23 ou à leurs alliés. Aucun mécanisme d’amnistie n’y est inscrit. Ce silence volontaire ouvre la porte à des poursuites internationales pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis sur le sol congolais.

Vers la fin stratégique du M23

L’un des éléments les plus marquants, selon Kambanda, est que l’accord reprend intégralement les exigences du processus de Luanda, y compris :
• le retrait immédiat du M23 de toutes les zones occupées

• le cantonnement et le désarmement de ses combattants

C’est la fin programmée du M23 comme force armée opérationnelle. Ce groupe, décrit comme une entreprise criminelle sous contrôle rwandais, voit donc la légitimité et l’avenir militaire lui échapper totalement. Toute tentative de maintien armé en RDC exposerait Kigali à de nouvelles sanctions internationales.

* Le basculement stratégique des États-Unis

Le plus grand bouleversement reste toutefois l’implication directe des États-Unis. Washington semble avoir, pour la première fois depuis 30 ans, choisi Kinshasa plutôt que Kigali :

• Exigence de respect du droit international

• Soutien logistique à la sécurisation des frontières congolaises

• Mise en place d’un mécanisme de contrôle sur les minerais critiques, afin de couper les circuits de financement du M23

Le message est clair : le pillage de la RDC ne sera plus toléré.