Source : RFI , le 24/04/2025
En RDC, 20 ans de prison ont été requis mercredi 23 avril contre Matata Ponyo par le procureur général près la Cour constitutionnelle. Depuis trois ans, l’opposant et ancien Premier ministre est poursuivi pour le détournement présumé de près de 200 millions de dollars destinés au projet du parc agroalimentaire de Bukangalonzo lorsqu’il était chef du gouvernement entre 2012 et 2016. Compte-rendu d’audience.
Il n’est pas encore 11 heures quand le procès reprend. Les neuf juges font leur entrée mais aucun accusé ne se présente. Matata Ponyo avait déjà brandi son immunité de député fraîchement acquise. Ses deux co-accusés, à savoir l’ancien gouverneur de la banque centrale Deogratias Mutombo et l’homme d’affaires sud-africain Christo Grobbler, ont invoqué des raisons de santé.
Dans la salle d’audience, la tension monte. Le procureur général sonne la charge. « Il est inacceptable que le prévenu puisse narguer la plus haute juridiction du pays. Les immunités ne sont pas synonyme d’impunité. Il était sous l’effet des poursuites lorsqu’il a acquis le statut de député national. Il ne peut pas aujourd’hui chercher par des subterfuges et par des affabulations, à créer des dilatoires et empêcher la cour de faire son travail. Ce prévenu est en train de se moquer de la justice », a-t-il estimé.
Après une courte pause, le président de la cour a ordonné la poursuite de l’audience. Des inspecteurs des finances se sont succédé à la barre pour enfoncer Matata Ponyo accusé d’un détournement présumé de 195 millions de dollars dans un projet qualifié de « flou et mal encadré ».
Le réquisitoire n’a pas tardé : « Tous les éléments constitutifs des infractions mises à charge des prévenus étant réunis, nous requérons qu’il plaise à votre cour de condamner chacun à 20 ans de travaux forcés et d’ordonner leur arrestation immédiate ».
Le verdict sera rendu le 14 mai. La défense avait déjà contesté la cour, estimant que deux des juges étaient hors mandat.